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Le moment historique de l'espace eurasien


The historical moment of Eurasian space
The historical moment of Eurasian space | Unsplash | Christial Lue

Chers amis, c'est un grand honneur et un plaisir d'être ici et je souhaite remercier chaleureusement les organisateurs de cette conférence très intéressante. En tant que Suisse et étranger à l'Eurasie, et en tant que dernier orateur de notre réunion de deux jours, je voudrais résumer le sentiment général que j'ai ressenti après avoir entendu tant d'idées et de points de vue différents. Je dois dire que je suis beaucoup plus positif et optimiste que beaucoup d'entre vous.


À mon avis, c'est la première fois dans l'histoire que le continent eurasien est "unifié" de Pékin à Minsk, de Moscou à Bombay, de manière pacifique et par la volonté de ses peuples et nations et non par une conquête militaire ou par la violence (comme ce fut le cas avec Chinggis Khan ou Timur-Lang il y a plusieurs siècles).


Le départ des troupes américaines d'Afghanistan en 2021 pourrait être considéré comme la dernière tentative d'une puissance étrangère de diviser, d'occuper ou de soumettre le continent eurasien à sa volonté, après l'échec de l'empire britannique dans le Grand Jeu du XIXe siècle.


Le récent accord signé par l'Iran et l'Arabie saoudite sous les auspices de la Chine a complété ce mouvement avec l'intégration complète de l'Iran chiite et du monde arabo-musulman dans le projet d'un continent eurasien pacifié. Même le gouvernement taliban afghan est en passe d'être intégré en douceur dans l'espace eurasien.


Cette énorme réalisation historique a été accomplie en moins de trois décennies, ce qui est incroyablement court et rapide en termes de temps historique. Qui aurait pu imaginer, il y a 20 ans, que le parti communiste chinois puisse discuter et coopérer avec la République islamique d'Iran ? Qui aurait pu imaginer, en 2000, que la Russie puisse coopérer avec la Turquie en Syrie ? Qui aurait pu imaginer que l'Iran chiite puisse collaborer avec les Saoudiens sunnites wahhabites ?


Si l'on considère les siècles passés, les grandes puissances régionales eurasiennes, telles que la Russie, la Perse, l'Empire ottoman et l'Empire japonais, rivalisaient entre elles pour gagner des territoires aux dépens des pays voisins, tels que la Chine, l'Asie centrale, le Caucase ou l'Inde.


Mais depuis l'effondrement de l'Union soviétique, une approche plus collaborative entre les pays

eurasiens s'est lentement et patiemment construite malgré les conflits et les invasions des frontières régionales (guerres de Tchétchénie, guerres d'Irak, occupation afghane et maintenant conflit ukrainien, la plupart provoqués par des interventions extérieures et des ingérences sous le masque de révolutions orange, de soutien financier à des ONG de la société civile frustrées, ou de campagnes de propagande en faveur de mouvements séparatistes).


Comment expliquer ce succès ?


Au cours des trois dernières décennies, un réseau dense d'accords et d'institutions de coopération régionale a été mis en place dans tous les domaines, à savoir l'économie, la sécurité, l'énergie, les transports et les échanges culturels. Ces accords de coopération et ces institutions constituent un réseau de connectivité très dense. Ils sont fluides, adaptés, flexibles, très diversifiés en termes de taille, de portée et d'objectifs. La CEI, l'OCS, l'OTSC, la BRI, l'Union économique eurasienne, le Caucase 3+, l'OPEP+, les BRICS et bien d'autres formats, qui sont bien représentés dans notre forum aujourd'hui, témoignent de cette construction pacifique du mouvement d'intégration eurasienne.


Les conditions d'un fonctionnement positif de l'espace eurasiatique sont triples : 1/le délicat équilibre des pouvoirs entre les principaux grands acteurs (Russie, Chine, Iran, Turquie, Inde principalement) doit être préservé ; 2/le respect de l'indépendance et un traitement égal vis-à-vis des plus petits pays tels que les pays du Caucase et d'Asie centrale ; 3/le système de résolution des conflits au sein de l'espace eurasiatique doit être limité aux pays membres, sans aucune ingérence étrangère. L'accord général de 2018 entre les cinq pays de la mer Caspienne est un exemple de la manière dont ce processus devrait être mené.


En ce sens, le projet eurasien est l'épine dorsale du monde multipolaire émergent et le principal couloir de prospérité pour le XXIe siècle. Les chances de réussite de ce projet historique n'ont jamais été aussi grandes et il est de notre responsabilité de le réaliser sans le retarder. Si cela ne fonctionne pas en Eurasie, le monde multipolaire ne réussira pas dans les autres régions du monde.


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Mais les obstacles sont très importants, tout comme les enjeux. Ces obstacles et ces dangers sont liés à la sécurité et sont doubles. Le premier risque provient des tensions internes et des conflits locaux/régionaux qui pourraient potentiellement dégénérer en conflits plus importants. Nous devons garder à l'esprit la récente affaire du Haut-Karabakh entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, les explosions de violence à la frontière kirgiz-tadjik-uzbek dans la vallée de Fergana l'année dernière, les frictions entre l'Inde et le Pakistan, ou à la frontière himalayenne entre l'Inde et la Chine, ainsi que les tensions entre la Chine et le Viêt Nam dans le sud de la Chine.


Mais il y a évidemment des conflits plus inquiétants, tels que les conflits ukrainien ou israélo-palestinien, ainsi que l'affaire de Taïwan, qui ont été artificiellement provoqués par les États-Unis. Ce dernier vise à briser l'unité et la souveraineté de la Chine, pourtant légalement reconnues par le traité de 1971 signé par les États-Unis et la République populaire de Chine. Ces conflits ouverts se déroulent à l'avant-plan du continent eurasien. Chacun d'entre eux pourrait représenter un revers majeur pour le processus de construction pacifique de l'Eurasie. Tous ces conflits réels et potentiels doivent être gérés avec soin, avec la coopération et le soutien de tous les membres de la communauté eurasienne, et ne peuvent être résolus par les seuls pays concernés. L'équilibre des pouvoirs au sein de l'Eurasie doit être géré avec soin afin de préserver la stabilité et la dynamique positive du projet. Il ne faut pas oublier que l'époque où une puissance pouvait se développer au détriment de la puissance voisine est révolue.


C'est particulièrement important si l'on considère que la principale menace contre le projet eurasien et multipolaire vient des puissances occidentales qui essaieront de tout faire pour le saper, car ce processus mettra en péril la suprématie occidentale sur l'ordre mondial. Selon la doctrine Wolfowitz (1992), Zbigniew Brzezinski (1997), Rand Corporation (2019) et d'autres organismes néoconservateurs américains, il s'agit d'une lutte entre les puissances maritimes et continentales afin de garder le contrôle du commerce, de la finance, des ressources naturelles ainsi que des capacités de production et d'agriculture. Cette lutte est également profondément liée au système capitaliste néolibéral occidental qui, par définition, rejette toute forme de limite à son développement et à sa croissance.


En d'autres termes, l'Occident tentera de faire tout ce qui est en son pouvoir, d'utiliser toutes les capacités disponibles pour saper l'intégration continentale de l'Eurasie. Ces moyens seront militaires, comme nous pouvons le voir dans le conflit ukrainien en soutenant l'Ukraine à tout prix, ou dans le conflit israélien sans essayer d'instaurer une véritable paix au Moyen-Orient entre Israéliens et Palestiniens.


Si nous examinons attentivement les récentes réunions 2023, nous pouvons également observer une tentative des États-Unis et de l'UE d'écraser les pays du Caucase et d'Asie centrale, en leur enfonçant des clous grâce aux accords de coopération de l'OTAN, aux exercices militaires et à d'autres facilités d'investissement, comme nous avons pu le voir en Arménie, au Kazakhstan et dans d'autres endroits. Grâce aux "dialogues spéciaux" avec Washington et Bruxelles, les pays d'Asie centrale sont spécifiquement visés, de même que Taïwan dans la région du Pacifique. L'Occident utilisera n'importe quel cheval de Troie pour diviser.

Les principales cibles actuelles sont la Géorgie, où un nouveau changement de régime est en cours et où une révolution orange est en ébullition, et l'Arménie, avec la récente décision du président Pashinian de se rapprocher de l'OTAN et des États-Unis.

Ainsi, la stabilité (mais pas l'immobilisme), la connectivité (mais pas la libre migration), le commerce équitable (mais pas les pratiques de dumping ou de pillage), la libre circulation des idées et des valeurs (mais dans un cadre de respect mutuel) sont les principaux objectifs d'une sécurité eurasienne durable. Si ces façons de faire sont respectées, je suis sûr que le continent eurasien surmontera tous les défis sécuritaires qui se dresseront sur sa route.





How can we explain this success?

During these past three decades, a dense web of regional cooperation agreements and institutions have been set up in all domains, i.e., economy, security, energy, transportation, cultural exchanges. These cooperation agreements and institutions constitute a very dense network of connectivity. They are smooth, fluid, tailor-made, flexible, very diverse in size, reach and goals. CIS, SCO, CSTO, BRI, Eurasian Economic Union, Caucasus 3+, OPEC+, BRICS and many other formats, which are well represented in our forum today, testify about this peaceful construction of the Eurasian integration movement. 


The conditions for positive working of Eurasian space are threefold: 1/the delicate balance of power between the main big players (Russia, China, Iran, Turkey, India mainly) should be preserved; 2/the respect of independence and an equal treatment vis-à-vis the smaller countries such as Caucasian and central Asian countries; 3/the conflict resolution system within the Eurasian space should be limited to the member countries without any foreign interference. The 2018 general agreement between the 5 countries of the Caspian Sea is an example of how this process should be led.


In that sense, the Eurasian project is the backbone of the emergent multipolar world and the main corridor of prosperity for the Twenty-first century. The chances to accomplish this historical project with success have never been so high and that’s our responsibility to achieve it without delaying it. If it doesn’t work in Eurasia, the multipolar world will not succeed in the other regions of the world. 


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But the obstacles are very high, as high as are the stakes. These impediments and dangers are security-linked and twofold. The first risk comes from the internal tensions and local/regional conflicts which could potentially degenerate into larger ones. We should keep in mind the recent Nagorno-Karabakh case between Azerbaijan and Armenia, bursts of violence at the kirgiz-tadjik-uzbek boarder in Fergana Valley las year, the frictions between India and Pakistan, or at India and China Himalaya boarder, as well as the China-Vietnam tensions in South-China. 


But we have obviously more disturbing conflicts such as the Ukrainian or the Israeli-Palestinian ones, as well as the Taiwan case are which artificially provoked by United States. The last one is aimed to break China’s unity and sovereignty, yet legally recognized by the 1971 treaty signed by the US and the People’s Republic of China. These open conflicts are taking place at the forefront of the Eurasian continent. Each of them could represent major setbacks for the process of Eurasian peaceful construction. All these actual and potential conflicts must be carefully managed with the cooperation and support of all the members of the Eurasian community and cannot be solved only by the countries affected. And the balance of power within Eurasia should be carefully managed in order to preserve the stability and the positive dynamics of the project. It must be remembered that the time during which one power could expand at the expense of the neighboring one is over.


That’s especially important if we consider that the main threat against the Eurasian and multipolar project is coming from the Western powers which will try to do anything to undermine it, as this process will endanger the Western supremacy on the world order. As it has been framed by Wolfowitz doctrine (1992), Zbigniew Brzezinski (1997), Rand Corporation (2019) and other US neoconservative outlets, this is a struggle between maritime and continental powers in order to keep the control of trade, finance, natural resources as well as the manufacturing and agricultural capacities. This is also deeply tied to the western capitalist neoliberal system which, by definition, rejects all kind of limits to its development and growth.


In other words, the West will try to do anything in its power, use any available capacity to undermine Eurasian continental integration. These means will be military as we can see in Ukrainian conflict by supporting Ukraine at any cost, or with Israel conflict without to try to setup a real peace in Middle East between Israelis and Palestinians.


If we look carefully at the recent 2023 meetings, we can also observe an attempt from US and EU to crush Caucasus and Central Asia countries, hammering nails in them thanks to NATO cooperation deals, military exercises, and other investments facilities, as we could see in Armenia, Kazakhstan and other places. Thanks to “special dialogues” with Washington and Brussels, the central Asian countries are specifically targeted, as is Taiwan in the Pacific area. The West will use any Trojan horse to divide.


The present main targets are Georgia, where a new regime change is engaged and where an orange revolution is boiling, and Armenia with the recent decision of president Pashinian to get closer of NATO and US.

So, stability (but not immobility), connectivity (but not free migration), fair trade (but not dumping or pillaging practices), free circulation of ideas and values (but within a mutual respect framework) are the main goals of a sustainable Eurasian security. If these ways of doing are respected, I’m sure the Eurasian continent will overcome all the security challenges put on its path.



Szijjarto: comment préserver les relations Est-Ouest  et éviter un nouveau rideau de fer entre deux blocs qui font péjorer l’Europe pour des décennies? 1/cessez le feu et ouverture de négociations diplomatiques ; 2/dialogue de civilisation dans un respect mutuel ; 3/rester ouvert, rationnels et bon sens en discutant avec tout le monde sans exclure la Russie et sans préconditions, politisation et idéologie.


Problème de l’UE : paix et prospérité étaiement son fondement et sa justification en 1957. Mais la paix a disparu largement par sa faute en Yougoslavie et en Ukraine avec décision de ne pas appliquer les accords de Minsk confirmée par Merkel et Hollande. Et la prospérité est en train de s’effondrer avec la chute de l’économie allemande provoquée par les choix catastrophiques faits en 2022. Comment l’économie européenne peut survivre si l’électricité et l’énergie y coûtent deux fois plus cher qu’en Chine ? Et que va-t-il se passer quand l0’Allemagne ne pourra plus payer les fins de mois de l’UE et soutenir l’euro grâce à ses surplus commerciaux ?


On dit que 5 millions d’Allemands n’ont plus de quoi se chauffer et se nourrir convenablement et se précipitent dans les magasins et les ventes de nourritures à bas prix où ils sont en concurrence directe avec les millions d’immigrés acceptés ces dernières années ?


La guerre à Gaza est le résultat direct de l’incapacité et de la non-volonté de l’Occident d’implémenter les résolutions des Nations Unies sur la Palestine et d’y faire la paix depuis 70 ans. Et donc de respecter et d’appliquer le droit international. Et le problème de l’Eurasie est la volonté de miner et saboter le processus de construction de l’Eurasie par tous les moyens. c’est le principal problème de sécurité de l’Eurasie. On doit construire cette coopération dans notre intérêt mutuel.


Iranien : ceux qui pensent que le changement est superficiel se trompent. Ceux qui qui pensent que le monde est toujours unipolaire et non multipolaire ou mieux transpolaire, se trompent aussi. Les changements du système international sont profonds, dans les valeurs, les acteurs du système et la distribution des pouvoirs et des capacités d’action. 


La république islamique voit 4 modèles. Equilibre des pouvoirs, collective security model, or comprehensive security model which includes economy, food, disasters, connectivity, terrorism, poverty, energy and so on. Militarisme, military blocks, ingérences étrangères, compétition de blocs, unilatéralisme sont à prohiber comme l’a montré la guerre en Ukraine à cause de l’OTAN.


C’est aux pays de la région de résoudre ses problèmes et d’agir, et non à d’autres, et cela sur la base d’une inclusion de tous les acteurs sur une base égalitaire entre eux. Tout ce qui exclut un pays, un acteur ou introduit sur un acteur extérieur est à proscrire. 


Pas de transition asymétrique entre Ouest et Est, pas d’unilatéralisme, convergence économique comme BRI,. Mais guerres, terrorisme, trafics de drogues, extrémismes.

Il faut continuer le dialogue pour construite l’architecture sécuritaire de la région, renforcer l’intégration économique, réformer la coopération pour la sécurité, créées des canaux de communications de dialogue et de recherche scientifique. MF



Guy Mettan, author, analyst in geopolitics and member of Geneva Parliament

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